C’est dans le Massif des Vosges, en 1986, que ma relation à la lumière a pris racine. Mon enfance fut marquée par la pénombre intrigante du laboratoire maternel, lieu où la chimie arrachait l’image à l’ombre. Autodidacte et mû par une curiosité insatiable, j’ai commencé à pratiquer la photographie. Avec le temps et l’exploration technique, ce qui n’était qu’une passion d’enfance a fait naître plus tard une nécessité plus profonde : le besoin d’écrire et d’exprimer par la lumière, transformant peu à peu la fascination pour la mécanique en une véritable quête scripturale. En silence, l’image est ainsi devenue ma plus fidèle voix. Elle est le lieu où mes émotions, mes sentiments, mes pensées se lient, s’inscrivent et se diffusent, affranchis de la contrainte des mots et des sons.
Mon approche photographique est une invitation délibérée à l’évasion et à l’introspection, cherchant à éveiller l’imaginaire, les souvenirs et la mémoire des sens enfouis chez le lecteur. Mon univers, souvent peuplé par la solitude, l’absence et l’espace, s’articule autour d’une réflexion nécessaire : le questionnement de la condition humaine. Au fil des captures, je sonde la place de l’être humain dans le monde, explorant le rapport fondamental qu’il entretient avec son environnement et l’impact de celui-ci sur son existence. Naturellement inspiré par le vivant, les forêts et les paysages sauvages restent mes sujets de prédilection, véritables miroirs de nos états d’âme et de notre quête intérieure.
Mon engagement est une célébration de la matière. Loin de la simple prise de vue et de sa dématérialisation engendrée par l’action de la lumière dans l’infiniment petit, j’accorde une importance primordiale à la plasticité des procédés : les surfaces ne sont jamais neutres. Et le grain ! Le grain d’une image est sa propre peau vivante, l’expression même de sa vie et de son authenticité, conférant à chaque œuvre une texture, une âme organique palpable.